L’actualité sur le rapport Spinetta et le projet de suppression du statut des futurs cheminots a fait passer au second plan le rapport Duron sur le financement des infrastructures de transport.
Philippe Duron a été nommé, dans le cadre des assises de la mobilité, président du conseil d’orientation des infrastructures de transport (vocation à être pérenne) qui prend la suite d’une commission Duron des infrastructures mises en place par le gouvernement précédent. Son objet : évaluer la capacité de financement des infrastructures de transport mais aussi de mobilité (pistes cyclables, pôles d’échanges multimodaux, cheminements piétons) et établir des priorités sur leur financement.
3 scénarios ont été élaborés :
- Le scénario 1 est celui dans lequel l’Etat prolonge la trajectoire financière déjà actée pour 2018-2020 sur les années ultérieures (48 Md € en 20 ans). C’est déjà de 25% supérieur à la dépense de la période 2012-2016 qui avait par exemple permis sur le ferroviaire de lancer un plan de régénération du réseau (mais à ce rythme il faudrait plus de 10 ans pour le mettre réellement à niveau), de remettre à niveau l’entretien des routes nationales qui avaient été délaissées d’où ensuite des coûts plus élevé. Durant cette période, les aides aux investissements des collectivités sur les transports urbains ont été minimes.
Le rapport Duron considère que ce scénario est très insuffisant. L’AUTATE considère que le scénario 1 qui verrait seulement le prolongement du niveau d’investissement des dernières années est totalement inacceptable.
- Le scénario 2 c’est déjà 60 Md € en 20 ans et le scénario 3 prévoit 80 Md €.
A Toulouse, au sens du périmètre Tisseo :
- la régénération des voies ferrées n’est pas impactée parce qu’il y a eu un plan , toujours en cours, de remise à niveau . Mais le rapport préconise le traitement du noeud ferroviaire de Matabiau, et aussi sur la modernisation des voies (signalisation en priorité),
- l’entretien des routes nationales n’est pas non plus concerné car, sur le périphérique, les travaux d’isolation phonique et de traitement des eaux sont en cours,
- par contre les subventions aux métros, tramways, LINEO sont essentielles pour le PDU de Toulouse, mais l’Etat a depuis très longtemps privilégié les infrastructures les moins coûteuses et qui réduisent la voirie pour favoriser le report modal. En clair, le taux de participation de l’Etat à la 3ème ligne de métro risque d’être assez faible.
- le rapport Duron enfin vise « le développement des nouvelles mobilités par les collectivités » intéressantes mais à traduire concrètement : aires de covoiturage? pistes cyclables ?…
Autres sujets traités : la tarification. Le rapport préconise un rééquilibrage progressif entre la part payée par le contribuable et celle payée par l’usager (actuellement de 20 à 30%). Déjà beaucoup de collectivités ont relevé leurs tarifs (ex de Nantes qui n’arrivait pas à financer simplement l’entretien de ses 3 lignes de tramway).
L’AUTATE se félicite que les toutes premières priorités soient l’amélioration de la qualité des réseaux existants et le développement de la performance des transports en ville pour lutter contre la congestion routière et la pollution. Toutes les formes de mobilité sont concernées : le ferroviaire (régénération du réseau, suppression de passages à niveau, diminution du bruit et priorité aux nœuds ferroviaires pour les nouveaux investissements Toulouse-Matabiau et les Aménagements Ferroviaires du Nord de Toulouse (AFNT) permettant d’augmenter le nombre d’aller-retour TER), le routier (entretien du réseau national revalorisé), les transports en commun en ville, les pôles d’échanges multimodaux, les cheminements piétons et vélos, les innovations.
L’AUTATE soutient en particulier les préconisations du rapport relatives au développement des RER, qui rejoignent parfaitement sa proposition de réseau de trains métropolitain sur l’étoile ferroviaire toulousaine.
Pour satisfaire les besoins, même seulement les plus urgents, il faut un effort d’investissement à la hauteur des enjeux, c’est vital pour l’avenir de notre agglomération, la santé de ses habitants et la préservation de son environnement.