Un article de Gilles-R. Souillés paru dans la dépêche du midi le 21/12/2016
Le débat sur la troisième ligne de métro s’est achevé en fin de semaine passée, avec les conclusions préliminaires de la Commission Particulière du Débat Public (CPDP) chargée de l’organiser. Si tout le monde se félicite du grand succès démocratique de la consultation, tant par le nombre de participants que d’avis déposés, la pertinence du projet est sujette à des critiques, concernant notamment la nécessité d’un véritable réseau de transports publics pensé à l’échelle de l’agglomération et ne dépendant pas exclusivement du métro. «Face à la congestion routière, les citoyens ont bien perçu l’urgence de ce débat, souligne Europe-Ecologie-les-Verts (EELV). Si la plupart voient dans le métro un moyen de transport rapide et de bonne capacité, un certain nombre de contradictions ont été mises en évidence, qui ne permettent pas de poursuivre le projet tel que proposé jusqu’à présent par le SMTC-Tisséo». Parmi les problèmes soulevés par la consultation et les Verts, le déséquilibre territorial entre Toulouse et les communes de la métropole, notamment à l’ouest où des communes comme Tournefeuille se sentent un peu oubliées, malgré le projet de ligne de bus Linéo3 et l’hypothétique prolongement de la ligne A du métro, qui n’est pas pour demain. Sans parler de la (non) jonction de la troisième ligne avec l’aéroport… «La participation citoyenne a montré la volonté d’un véritable maillage de notre aire urbaine en transports publics», estime les écologistes qui émettent des doutes «sur les problèmes posés par les 40 % du tracé du métro prévus en aérien», en insistant sur des solutions alternatives : réseau de bus avec voies dédiées, tramway, utilisation de l’étoile ferroviaire, développement de voies piétonnes et cyclables, prolongement des lignes de métro existantes, mais aussi, pourquoi pas imaginer un tracé alternatif pour la troisième… Les Verts s’inquiètent surtout du développement urbain et de la densification de l’habitat autour du tracé proposé. «Il faut mener à bien le débat sur l’urbanisme avant tout, puis apporter les réponses en matière de mobilités», assurent-ils en plaidant pour une consultation à l’échelle de l’agglomération sur les questions d’aménagement du territoire. «Il n’est pas d’autre voie possible pour que notre agglomération puisse devenir un jour moderne, fluide et apaisée», concluent-ils. Ce qui reste, in fine, l’enjeu principal. L’association des usagers(e) s des transports de l’agglomération Toulousaine et de ses environs (AUTATE), relève aussi la qualité du débat, mais constate que le travail de la commission a mis en évidence une fracture. «Les décideurs économiques et les politiques sont pour la troisième ligne de métro alors que les usagers sont plutôt contre. C’est David contre Goliath», explique Marie-Pierre Bès, la présidente, qui milite pour un réseau de transports publics global, du train au vélo et desservant les zones d’emplois et de résidence, à l’échelle de l’agglomération. Pour 2,1 milliards, le coût estimé de la troisième ligne, il y a sans doute de quoi trouver des solutions.