Il faudra trouver 1,4 à 1,7 milliard d’€ pour financer la troisième ligne de métro dont le tracé est présenté ce vendredi 18 décembre. La dette de Tisséo s’élève déjà à près d’1,4 milliard.
Le tracé de la 3e ligne de métro sera présenté ce vendredi 18 décembre. Mais comment financer ce projet majeur ?
Le candidat Jean-Luc Moudenc a estimé son coût à 1,445 milliard d’€ lors de la campagne municipale de mars 2014 pour 17 km de long.
Ses opposants parlent plutôt d’1,7 milliard.
La ligne B de Rennes, seule ligne de métro automatique en construction en France, qui utilisera le nouveau Cityval de Siemens, plus large mais plus court que le Val toulousain (2m65 contre 2m08, rames de 22 m au lieu de 26 m, quais de 35 m au lieu de 52 m), mesure 13 km de long dont 8,6 km de tunnel et le reste en tranchée couverte et viaduc (aérien), avec 15 stations.
Son coût ? 1,19 milliard, financé par 220 millions d’€ de subventions (Etat et Région pour 90 millions chacun, Département 30, Europe 10), 40 % d’emprunts (dont un prêt de 300 millions de la Banque européenne d’investissement-BEI) et 40 % d’autofinancement. Les prêts contractés pour la ligne A (inaugurée en 2002) ont été remboursés en 2010 par anticipation.
Ce n’est pas le cas du SMTC qui traîne depuis 2007 (date de mise en service de la ligne B), une dette de 1,376 milliard d’€, soit à peu près le coût de la 2e ligne toulousaine. Sacha Briand, grand argentier de l’autorité organisatrice des transports, annonce que la courbe de la dette va enfin baisser après 2024, augmentant mécaniquement la capacité d’emprunt du SMTC, d’autant plus si la régie maîtrise ses coûts de fonctionnement, opération lancée avec le sérieux tour de vis programmé en 2016.
La 3e ligne, avec 17 km au plus court, et des tracés étudiés cet été entre 20 et 25 km de long, risque donc bien de dépasser 1,4 milliard. Une chose est sûre : il y a peu de chance d’obtenir les 250 millions du Département ou les 200 millions de l’Etat annoncés pendant la campagne. On verra peut-être, vendredi, si les 100 millions, espérés sur la renégociation en cours des concessions de parkings toulousains, sont au rendez-vous.
Le projet pourra en revanche compter sur les 650 millions d’économies sur les projets abandonnés (tram Canal, BHNS Ouest et autres BHNS remplacés par des Linéo moins coûteux), surtout si le prolongement de la ligne B à Labège est renvoyé aux oubliettes. La «solution ingénieuse pour désengorger la ligne A du métro» (ne pas s’arrêter dans certaines stations), qui devait rapporter 165 millions, s’est, elle, perdue en route, inapplicable.
Les spécialistes financiers de Tisséo comptent en fait beaucoup sur l’emprunt : l’argent coulerait à flot à très bas taux au niveau européen. A Rennes, la ligne B a été en partie financée par une hausse de 2 % de la fiscalité locale. A Toulouse, c’est déjà fait, mais de 15 points (Ville et Métropole). Une nouvelle hausse serait malvenue…
En revanche, une privatisation de Tisséo pourrait être rendue obligatoire par les contraintes imposées à la régie. Et Jean-Michel Lattes, patron du SMTC, compte beaucoup sur les ordonnances que doit prendre le ministre Macron pour faciliter le recours au privé.