[La Dépêche] 3e ligne de métro en 2024 : Moudenc tiendra-t-il sa promesse ?

Le maire doit présenter le tracé de la future ligne de métro Toulouse Aerospace Express vendredi 18 décembre et promet de l’inaugurer en 2024. Le délai est-il tenable ?

Promis, juré, craché, Jean-Luc Moudenc l’assure : la troisième ligne de métro, dont il va présenter le tracé ce vendredi, roulera en 2024. Date annoncée lors de la dernière campagne municipale, en mars 2014. Neuf ans pour construire une ligne de métro reliant Colomiers, l’aéroport, la gare Matabiau, Montaudran, voire Labège. Avec la desserte des grands pôles économiques Airbus Group, Aerospace Campus de Montaudran et Thalès, d’où son nom de Toulouse Aerospace Express (TAE).

«En juillet 1985, la première ligne n’était pas encore arrêtée, en juin 1993, elle était inaugurée. Au bout de huit ans donc», a argumenté le maire de Toulouse devant l’opposition municipale incrédule, vendredi (notre édition du 5 décembre), «en décembre 2015 nous avons arrêté le tracé de la 3e ligne, en 2024 nous serons dans les temps».

«2024 ? Techniquement, je n’y crois pas, je vois plutôt 2027 ou 2030, les procédures se sont alourdies, complexifiées», rétorque Joël Carreiras. L’ex président de la Smat (société pour la mobilité de l’agglomération toulousaine), chargée de réaliser les grands projets de transport, développe : «Au-delà de l’opportunité du projet, à le faire il ne faut pas le bâcler, faire n’importe quoi au niveau du tracé, du mode de gestion et du choix du matériel».

Nous avons étudié la genèse de la ligne B du métro de Rennes, seule ligne de métro dont les travaux sont en cours, qui utilisera le nouveau métro automatique Cityval de Siemens (la ligne A rennaise utilise un Val 208, comme les lignes de Toulouse).

11 ou 13 ans à Rennes, seulement 9 à Toulouse ?

La Semtcar, équivalent rennais de la Smat, qui s’est vue attribuer la maîtrise d’ouvrage déléguée de la ligne B rennaise en 2007 (la Smat n’a encore aucun mandat sur TAE), précise : le fuseau a été choisi en 2003, le tracé défini en 2007, après 4 ans d’études de faisabilité, acté définitivement en 2009. La ligne B doit ouvrir, après 6 ans de travaux (le gros œuvre a été lancé en 2014, le tunnelier début 2015) début 2020. Soit 11 ans après l’arrêt du tracé définitif, et 13 ans après la publication du premier tracé un tant soit peu précis.

On est déjà au-delà du délai de 9 ans fixé par le maire. Mais on peut considérer que les ingénieurs du projet toulousain, où l’on a déjà réalisé deux lignes de métro, sont plus expérimentés, voire plus malins (sic), et donc plus rapides que leurs collègues bretons, qui n’en avaient fait qu’une, de ligne, et plus petite.

La tâche des concepteurs de la 3e ligne toulousaine sera pourtant compliquée (lire ci-contre) car TAE n’est pas intégré au plan de déplacements urbains (PDU). Il faudra donc réviser ce PDU, obtenir la déclaration d’utilité publique, choisir le constructeur sur concours, les entreprises sur appels d’offres, sans parler d’élaborer le montage financier.

Pour voir rouler le métro de TAE en 2024, le magicien Moudenc devra sans doute se doter d’une baguette magique.


Un calendrier compliqué et serré

Lors de la présentation, le 7 juillet dernier, des 4 fuseaux étudiés pour la 3e ligne, Jean-Luc Moudenc et Jean-Michel Lattes, patron de l’autorité organisatrice des transports (SMTC Tisséo), avaient annoncé le calendrier suivant : concertation publique et études préliminaires en 2016, études opérationnelles et enquête publique entre 2017 à 2019 et lancement des travaux en 2019. Or, la révision du plan de déplacements urbains (la 3e ligne doit être intégrée au PDU, condition indispensable à sa réalisation), procédure lourde en cours, nécessite la concertation du public et des collectivités locales, dont le Sicoval (qui apprécie très peu l’abandon programmé de la prolongation de la ligne B à Labège). Cette révision interviendra au mieux en 2018. L’enquête publique devra se dérouler avant les élections municipales de 2020. Une fois le projet déclaré d’utilité publique, il restera au mieux 5 ans, voire 4, de travaux si l’on veut voir rouler TAE en 2024. A Rennes, il faudra 8 ans entre la DUP (en août 2012) et la mise en service (2020). A Toulouse, on travaille tellement plus vite…

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.