Nous demandons à la CNDP qu’elle organise le débat sur la 3ème ligne de métro

CNDP

Notre lettre à

Monsieur Christian Leyrit, Président de la Commission Nationale du Débat Public concernant l’organisation du débat public de la troisième ligne de métro toulousaine portée par le SMTC-Tisséo

Monsieur,

vous allez traiter mercredi 4 mai 2016, avec l’ensemble de la CNDP, la demande du SMTC-Tisséo au sujet de la troisième ligne de métro Toulousaine dite « TAE ». Nous souhaiterions que cette contribution soient transmise à l’ensemble des membres afin d’alimenter leurs réflexions.

Le SMTC-Tisséo organise actuellement la phase de concertation en vue de la révision du Plan de Déplacement Urbain. Celui-ci concerne 115 communes et 1 million d’habitant-es.

L’enquête publique est prévue en fin 2017 et l’approbation de la révision en début 2018.

A grands efforts de communication il pose TAE comme un projet « acquis » alors qu’il n’était pas dans les versions précédentes du PDU. Parallèlement il abandonne ou réduit très significativement de nombreux projets du PDU en vigueur à l’exception du téléphérique urbain sud et du doublement des rames de la ligne A. Cette logique de « tout ou rien » oblige les intercommunalités et villes minoritaires au sein du SMTC à valider ce projet alors qu’aucune alternative n’est sérieusement débattue et que le plan de financement ne sera connu qu’en juillet 2016.

Le PTU toulousain garde en France la part modale la plus élevée pour l’utilisation de véhicules particuliers et la plus plus faible pour les modes doux 1. Ces résultats montrent bien que la réalisation de modes lourds attractifs est insuffisante si elle ne laisse pas la place aux autres leviers du report modal.

Les Conseils de développement de Toulouse Métropole, du Sicoval, et de la Communauté d’agglomération du Muretain estiment également que « la question des mobilités n’est pas réductible à la troisième ligne de métro » .

Toulouse, nœud autoroutier du sud ouest de la France, verra donc toujours son périphérique extrêmement encombré si aucune politique de report modal n’est effectuée en direction des populations des villes périphériques qui utilisent leurs véhicules particuliers pour au moins 3/4 de leurs déplacements.

Ainsi, si TAE transporte en 2024 215 000 passager-ères/jour cela correspondra à 5 % de part modale. Mais aucunes estimations ne nous permettent d’évaluer les sommes à investir pour gagner cette part modale grâce aux modes doux 2, au réseau bus, à des voies de tramway ou encore par la création d’un réseau de trains urbains via l’utilisation du réseau ferré actuel, des emprises du Conseil Départemental à l’ouest de la métropole, ou de SNCF réseau à l’est.

De plus l’impact budgétaire de TAE sur le PDU nous semble sous-estimé que cela soit sur les coûts de réalisation de la ligne 3 ou par rapport aux intérêts d’emprunt 4 (non chiffrés) qui découleront de l’insuffisante capacité de financement.. Ainsi en 2016, en stabilisant sa dette à 1,4 Md, le SMTC dégage 105 millions d’€ d’investissements alors que 62 millions partent en fumée dans les intérêts. Aucun plan de financement du PDU n’est proposé, seul un budget de 3 Md sur 15 ans est évoqué dans cette révision alors que l’ensemble des projets les plus coûteux seraient réalisés d’ici 2024. Ceci obérant totalement les investissements sur des zones entières du PTU et sur les autres leviers du report modal, et ceci pour très longtemps.

En conclusion, l’Association des usager-ères des transports en commun de l’agglomération toulousaine considère que seule votre commission peut garantir une vision globale et neutre sur ce débat central pour l’avenir de la 4ème aire urbaine française. Nous vous demandons donc un débat public organisé par votre commission et non par le SMTCTisséo.

Nous vous remercions par avance pour l’attention que vous voudrez bien porter à notre requête et nous vous prions d’agréer nos respectueuses salutations.

Benoît Durand,

co-président de l’AUTATE

1 Enquête ménage déplacement de 2013

2 Par exemple le conseil de Bordeaux-Métropole du 22 Janvier 2016 a acté, comme objectif, le passage de 100 000 trajets vélos par jour en 2009 à 415 000 dès 2020 par la création de parkings dédiés, d’un axe express et l’amélioration des continuités cyclables.

3 Le nouveau tracé fait maintenant 27 km , par l’ajout de 2km vers la gare de Colomiers et 4 km de Airbus Defense and Space jusqu’à Labège la Cadène et l’atelier garage (si le tracé du prolongement ligne B est bien repris depuis INPT comme annoncé par le SMTC). En reprenant les chiffres de la deuxième ligne du métro de Rennes dont la réalisation s’est également effectuée en tunnel sur les deux tiers de son parcours, son coût serait estimé à 2,7 milliards d’euros.

4 La cour des comptes indique en 2013 que 50 millions d’€ d’intérêts sont remboursés par le SMTC pour 100 millions empruntés.

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